Conférenciers d’honneur

Grand rassemblement du REFAD / Printemps 2023
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Donald Ipperciel est professeur en humanités à l’Université York, assigné à la voie « Digital, Technological, Natural Worlds ». Il a plus de 25 ans d’expérience en milieu universitaire en tant professeur, chaire de recherche du Canada et administrateur académique. Il a été CIO de l’Université York, Principal du Collège universitaire Glendon, co-doyen, vice-doyen à la technologie et l’innovation et vice-doyen à la recherche au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta. Donald Ipperciel a obtenu un baccalauréat et une maîtrise en philosophie de l’Université de Montréal, ainsi qu’un doctorat en philosophie de la Ruprecht-Karls-Universität de Heidelberg, en Allemagne. Il a fondé et présidé Oohoo IT Services, compagnie dérivée se spécialisant dans les technologies de l’enseignement. En 2017, il a reçu le titre de Chevalier dans l’Ordre des Palmes académiques de la part de la République française. Il a contribué à la diffusion du savoir relatif à la technologie de l’enseignement en tant que rédacteur de la Revue canadienne d’apprentissage et de la technologie, comme auteur de nombreuses publications scientifiques et grand public, et comme conférencier en contexte académique et professionnel.

L’intelligence artificielle est-elle prête pour la salle de classe?

Avec l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA) et sa popularité croissante, on est en droit de se poser la question du rôle que joue ou doit jouer cette nouvelle technologie en enseignement supérieure. Pour le moment, son adoption dans les universités est plutôt modeste, les quelques projets en cours se cantonnant à l’apprentissage des langues et aux programmes STEM, les mathématiques et la programmation informatique en particulier. Les outils IA semblent inadéquats en contexte de sciences humaines et sociales, et ce, malgré les prouesses des IA génératives telles que ChatGPT. Cette présentation propose la mise en œuvre d’assistants virtuels de classe (AVC) qui peuvent prendre en charge les tâches logistiques de la salle de classe et ainsi alléger le fardeau de l’enseignant. En esquivant une mission proprement pédagogique, l’ambition de l’AVC est de la sorte réduite, mais elle est réalisable. L’on se posera la question des critères de qualité de ces agents conversationnels, tant les critères constitutifs que régulatifs, dans un contexte où les cadres d’évaluation de tels outils se font rares. La présentation se terminera par un cas d’exemple d’un AVC utilisé dans un cours d’humanité à l’Université York à Toronto.

Marcel Lebrun, initialement docteur en Sciences, est actuellement professeur émérite en technologies de l’éducation en Faculté des Sciences de l’Éducation et conseiller pédagogique au Louvain Learning Lab de l’UCLouvain (Université catholique de Louvain à Louvain-la-Neuve, Belgique). Il accompagna les enseignants dans leurs développements de dispositifs technopédagogiques à valeurs ajoutées pour l’apprentissage. Plus particulièrement, il continue à s’intéresser actuellement aux modifications profondes induites par le numérique dans la société (rapport aux savoirs et rôles des acteurs) et par là à la position de « l’école » dans l’apprentissage toute la vie durant. Ces recherches les plus récentes portent sur l’hybridation dans les dispositifs de formation (dont les classes inversées et la recherche européenne Hy-SUP). Il est l’auteur de plusieurs articles scientifiques et d’ouvrages qui interrogent ces rapports entre l’apprentissage et le numérique dans « l’école » au sens large, du primaire à l’université et dans plusieurs pays. Parmi ces ouvrages, on mentionne « Comment construire un dispositif de formation » (De Boeck, Guides pratiques, 2011) et le plus récent « Classes inversées, enseigner et apprendre à l’endroit ! » (Réseau Canopé, 2016). Très actif sur les réseaux sociaux, il tient un Blog qui fait référence dans le domaine des innovations pédagogiques induites par le numérique (https://bit.ly/blogdemarcel).

Une humanité numérique à construire entre promesses et nécessités, entre urgence et patience

Les questions relatives aux impacts du numérique dans l’éducation et la formation font couler beaucoup d’encre et ceci, sous différentes appellations, depuis de nombreuses années. Entre discours enthousiasmants, résistances farouches et déconvenues fracassantes, entre les potentiels des TICe et les nécessités de faire évoluer leurs contextes d’implantation, il est bien difficile de tracer un cheminement fertile pour que nous, humains, ne restions pas au bord des autoroutes de l’information qui nous submerge et de la communication qui nous épuise. Il ne s’agit pas d’ajouter une couche technologique aux habitudes de transmission des savoirs prises à l’époque où le livre était rare. L’école (au sens large) demande une révision profonde. D’espace « privé » en lieu et temps, elle devient plus que jamais espace d’écolage pour la société complexe, espace flexible pour un apprentissage toute la vie durant. Les classes inversées ou flipped classrooms, les Learning-Lab … nous montrent le chemin mais la route sera longue. Les résultats de la recherche, souvent en demi-teintes, nous laissent perplexes. Cherche-t-on au bon endroit ? Quels sont les référents pour la recherche des impacts du numérique ? Ne mesure-t-on pas à l’aune de finalités qui ne sont peut-être plus cohérentes avec ce monde où on vit, où nos élèves vont vivre ? Il ne s’agit en effet pas tant d’outils, de méthodes que de changements de mentalités. La nécessité de ces changements, de ces états d’esprit est évidente, les technologies sont là au moment opportun (à la fois cause et solution, à la fois remède et poison comme dirait Socrate) … tout y est. Oui, mais quels sont alors les moteurs et les freins de l’innovation ?

Les mutations sont lentes (ré-apprendre la patience à l’ère du numérique) et le danger de fossilisation des pratiques nous guette. Les enjeux sont énormes et finalement « les technologies nous ont condamnés à devenir intelligents » (M. Serres).